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Un livre de nonsense

LivreDisponible
Auteurs :
Editeur :
Publication
Gouville-sur-Mer : le Bruit du temps, impr. 2022
Année de parution :
2022
Importance matérielle
1 vol. (124 p.) : ill. en coul. : 25 cm
Lorsque Patrick Reumaux nous a fait la proposition de publier les poèmes-comptines (limericks) d'Edward Lear en nous confiant son édition du XIXe, l'idée de redonner vie, pour la première fois en français, à cet album pour enfant, publié à Londres et à New York, avec ses dessins rehaussés en couleurs, a aussitôt suscité notre enthousiasme. Il faut dire que nous venions de redécouvrir le genre grâce au Journal de Séféris, lui-même si amateur de limericks qu'il en était venu à collectionner les vues de Grèce de Lear, qui était aussi un paysagiste et écrivain voyageur. Et que cette découverte ne faisait que raviver un goût ancien éprouvé dès l'adolescence, à un moment où nous lisions les poèmes d'un autre admirateur de Lear, français celui-ci : J. Tardieu. Le plaisir que procurent ces poèmes-comptines, tous construits sur le même modèle, – avec une image qui, comme l'écrit Reumaux, « fait boiter et rougir le texte en avouant tout ce qu'il tait » – est si délectable qu'il incite à en inventer d'autres, et si évident qu'il n'a guère besoin d'être commenté. Le traducteur en décrit néanmoins très bien l'effet disruptif : « Lear a dans sa trousse à dessins toute une série de pinces-monseigneur, les limericks, plus redoutables que les pinces d'un crabe pour forcer le coffre du sens. L'effet de surprise, l'apparente absurdité qui en résulte, provoque un irrésistible éclat de rire, mais il est trop tard : le fric-frac a eu lieu, le coffre est forcé, le corset victorien délacé, le cambrioleur, hilare d'avoir réussi son coup, se promène l'air de rien dans la chambre à coucher. » Mais il sait y voir aussi un simple retour à l'esprit (parfois cruel) de l'enfance, n'oubliant pas que c'est pour les enfants du comte de Derby que Lear les a écrits. Dans le poème que lui consacre W. H. Auden, Lear est devenu un pays où des essaims d'enfants rêvent de s'établir. Un Nonsenseland qui est, en Angleterre, aussi connu aujourd'hui encore que le Wonderland de son contemporain Lewis Carroll.